Le ZEHEL est un poème arabe à forme fixe, créé, au temps des Maures, en Andalousie, d’après des chants de bergers venus de Galice.
Le ZEHEL est également entré dans la poésie persane.
TES PAS SUR LE GAZON…
Tes pas sur le gazon ont laissé leur empreinte,
Et je sais où tu vas, lorsque l’angélus tinte.
*
Le pauvre vieux cheval que tu soignes si bien,
La génisse que tu mènes boire, le chien
Connaissent ton secret, mais ils n’en diront rien…
Je ne suis pas bavard; tu peux être sans crainte.
*
Ah ! prends garde à l’Amour ! Après d’autres, tu vas
Réveiller la vipère au bosquet des lilas :
Vois comme l’herbe humide a souffert sous tes pas…
Ton coeur ainsi foulé retiendra-t-il sa plainte ?
***
LE POETE
Oh! les simples bonheurs du Poète ! Les chants
Qui montent de la terre et qui baignent les champs,
*
Le Soleil, que dévêt l’aurore de ses langes,
L’appel au bord du nid de la jeune mésange,
Quand les pommiers d’avril neigent au coin des granges,
L’ombre des peupliers en moires sur l’étang ;
*
La jeune fille qui sourit à la croisée,
Derrière la jacinthe en grand’hâte arrosée,
L’arc-en-ciel sur les bois, la cascade irisée,
L’écho d’une voix chère et qu’à peine on entend…
Philéas Lebesgue, La Corbeille du Soir, ou Le Livre des Zéjels, La Neuville-Vault, 1937
Photographie de Philéas Lebesgue